jeudi 22 septembre 2011

L'innovation implique de partager sa création avec le public

A l'occasion du festival Futur en Seine, Christophe Alix m'a accordé une interview pour Libération, dont voici la transcription...


Il n’est pas courant, en France, de voir un pôle de compétitivité organiser un festival grand public. C’est pourtant le cas avec Futur en Seine (Libérationd’hier), qui met en avant jusqu’à dimanche quelques-unes des réalisations des entreprises et labos de recherche de Cap Digital, un des deux pôles high-tech en Ile-de-France. Cinq ans après sa création, son président, Henri Verdier, cofondateur de la start-up MFG Labs spécialisé dans le traitement des données de masse, fait le bilan.

Pourquoi une structure dédiée au financement de la recherche et de l’innovation organise-t-elle un festival ?

Les nombreux secteurs représentés dans notre pôle - ils vont du jeu vidéo à la robotique, en passant par le design, l’éducation, les objets communicants, etc. - partagent une chose très forte : leur développement est souvent lié à des pratiques d’innovation très ouvertes impliquant largement les utilisateurs. Cela passe par un processus de «cocréation» avec le public, par une innovation très «sociale» qui dépasse largement le cadre traditionnel de la recherche. Autrement dit, l’innovation, dans nos secteurs, ce n’est pas seulement du «techno-push» avec des entreprises qui vont imposer leurs nouveautés, mais également un cheminement beaucoup plus compliqué d’appropriation par le public. On peut mourir avec ses brevets si on n’a pas trouvé de clients.

Et donc ?

La manière dont le public s’approprie les innovations présentées lors du festival constitue un matériau très précieux pour bon nombre de nos sociétés adhérentes. L’autre raison qui nous pousse à aller vers les gens, c’est la volonté de mieux faire connaître les écosystèmes très foisonnants qui sont à l’origine de la création de valeur dans nos métiers.

Qu’est-ce que cela veut dire ?

Une des forces de la Silicon Valley, c’est sa capacité à structurer puis «marketer» une énergie collective très éparse, un peu à la manière des grands mouvements artistiques comme le surréalisme. On en est très loin en France, on n’a pas cinquante ans de recul comme en Californie, mais tout ce qui peut contribuer à identifier et renforcer la visibilité de nos écosystèmes joue un rôle clé dans notre croissance. Un créateur de start-up devrait toujours se poser la question de savoir comment il va changer le monde, devenir un véritable «disrupteur». Et c’est cette manière de penser que l’on essaie de stimuler à Cap Digital, en allant au-delà de nos missions traditionnelles d’accompagnement et de financement des projets de nos adhérents.


Comment peut-on promouvoir une politique industrielle dans le numérique alors que l’on voit bien qu’il s’agit avant tout d’un état d’esprit ?

C’est compliqué, mais on progresse. Alors que le soutien aux nouvelles technologies était, il y a quelques années, très orienté vers les infrastructures, les choses se rééquilibrent avec une large place faite aux services et aux usages. C’est le cas avec le grand emprunt qui, à côté d’une enveloppe de 2,5 milliards d’euros pour la fibre optique, en consacre 2 milliards aux contenus.

C’est très positif…

Oui, même s’il reste des progrès à faire. Est-on prêt, en France, à ce que des PME ébranlent des positions acquises de grands groupes ? On entend encore dire que le numérique «tue» des secteurs entiers, détruit les emplois…

Cap Digital, qui était candidat à un institut de recherche technologique («vie numérique») dans le cadre du grand emprunt, a été recalé. Pour quelle raison ?

On n’entrait pas dans leur cahier des charges de «valorisation» de la recherche avec le souci très légitime d’un retour sur investissement pour l’Etat. Dans nos secteurs, on ne sait pas quelle technologie l’emportera dans dix ans, on ne fait que repérer des flux d’innovation qui changent très vite. C’est très mouvant et ça, aucune politique industrielle, aussi réactive soit-elle, ne sait l’anticiper… Les freins au développement du numérique ne se situent pas du côté de la politique industrielle mais de la société en général.

Une ligne pour l’avenir ?

Les prochaines ruptures ne viendront plus du secteur de l’Internet mais de la manière dont la mise en réseau transforme radicalement des pans entiers de l’économie. Si la Californie, comme Bordeaux pour le vin, restera la référence de «l’Internet du réseau», le jeu est beaucoup plus ouvert pour le reste, où presque tout reste à faire. C’est dans cette direction qu’il faut maintenant accélérer.

1 commentaire:

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